cowards
mars 2015
cowards, je les ai découvert fin 2013, lors d'un set qui tourna rapidement court, faute de qualité sonore : Julien mit fin au live, plutôt énervé par leur prestation.
Ces intenses quinze minutes m'avaient cependant convaincu de garder un oeil et une oreille sur eux, et de suivre leur montée en puissance. Bon ok, les deux oreilles.
Les revoici donc à Poitiers, pour débuter la tournée accompagnant la sortie de leur second album, Rise to infamy.

Et pour cette deuxième prestation au Zinc, on peut dire qu'ils ont eu leur revanche. Cette fois, ils ont pu déployer leur talent de bout en bout, pour un set déroulant l'intégralité des titres de leur dernière galette. Autant vous dire qu'on a été gâtés ! Tout était là, énergie, haine, colère, agressivité. Pas de place pour les blablas ou les riffs inutiles. C'est clair, carré, un bon gros fuck musical. On en reveut encore et encore. Les cinq parigots nous ont servi ici l'entrée, le plat, le dessert et le digestif sans sourciller, nous mettant ainsi à leur botte. Et on voit bien, compte-tenu de l'état d'épuisement dans lequel je les ai trouvé par la suite, qu'ils donnent tout ce qu'ils ont lors d'un live. Et c'est justement ça, cowards. Sans concession, intransigeants.

Loin d'être stupides, très lucides quant à leur condition et leur devenir, ils nous démontrent, à mon sens, par cette attitude et par leur maîtrise sur une musique aux portes de l'insanité, que nous avons affaire ici à un groupe au degré de maturité élevé. Et de toute évidence, à des musiciens talentueux.

Voilà pour le live, mais je ne vous ai pas encore parlé de leur dernier né, Rise to infamy.
Ce n'est pas simple de parler de cowards. Je trouve leur musique complexe (positivement, certes, mais quand même). Il y a vraiment beaucoup de choses à dire, et au fil des écoutes et réécoutes, on en découvre à chaque fois. Pour les deux premiers opus, on était sur un registre de hardcore extrême, qui vous faisait crever en convulsions, les tympans sur un parquet ensanglanté.

Pour Rise to infamy, on retrouve bien entendu cette athmosphère de plomb. La lourdeur, la crasse urbaine, la rage desepérée, la distorsion. La batterie est pesante, la basse vous prend à la gorge et vous rend accro, les riffs guitares vous broient les viscères, le chant vous met des coups de pieds dans la tronche. Un truc qui refilerait une crise de tachychardie à un rasta pendant un concert d'Inner Circle. On se sent pris dans une sorte de transe de headbanging, et comme on est des gros masos, on en redemande.

Mais cet album-ci, c'est aussi quelque chose en plus, c'est encore plus rugueux, encore plus sombre, encore plus inquiétant. Des paroles bien plus glaçantes de déchéance et de dégoût, dans Wish for infamy, par exemple. Des accents blackend font leur apparition, subtilement (si, si) placés exactement quand on ne s'y attend pas, histoire de se prendre un soufflet par dessus la claque, comme dans le titre Low esteem. Bend the knee, enfin, avant-dernier titre, et qui est pour moi le point orgasmique de ces dix compos, résumant ainsi en seulement 4 minutes tout ce dont cowards est capable. Les larsens qui rendent fou, quelques breaks, et beaucoup d'audace mélodique. Vous l'aurez compris, si je parle de complexité, ce n'est pas pour rien.
Vous voyez quand Leonidas kick le perse dans la fosse ? This is cowards.
Retrouvez cowards :

Site officiel
Facebook

cowards en plein live !
INTERVIEW «5 GARS, 5 QUESTIONS»

Kirseth :  Bonsoir, et bien entendu, merci de revenir à Poitiers ; la dernière fois, c'était en octobre 2013 (pour un concert quelque peu tronqué !), et comme vous avez une courbe de productivité plutôt exponentielle, on peut dire que depuis, il s'est passé bon nombre de choses ! Mais avant d'en parler, defriefez-moi votre set de ce soir !
cowards : C'était pas le meilleur, et pas le pire non plus ! C'est la première fois qu'on jouait tous les morceaux du nouvel album. D'habitude, on ne joue pas si longtemps , à savoir près d'une heure, mais plutôt 30 à 45 minutes. On pratique un genre musical assez exténuant ! Là, on a joué dans l'ordre de l'album, donc c'était plus facile de se lâcher, parce qu'il y avait plus de maîtrise.

K : Alors démarrons : je le disais à l'instant, votre vitesse de production et impressionnante. Après seulement trois années d'existence, vous avez pondu trois disques (deux albums, un EP), et un nombre surprenant de lives, vous tournez dans toute l'Europe... mais comment faites-vous ?!
c : En fait, ça fait un bail qu'on fait de la zic, mais un jour jour on s'est dit qu'il fallait qu'on en fasse ensemble ! Pour ce qui est des tournées, nous on trouve qu'on en fait pas assez, mais c'est aussi parce qu'on tient à préserver nos vies perso et pro de tout ça. On peut pas être tout le temps sur les routes, du coup. Pour ce qui est de Rise of infamy, c'est le premier album qu'on a mis longtemps - un an - à composer. Pour les autres, il y avait déjà énormément de morceaux « pré-composés », notamment pour Shooting blanks and pills. C'est pour ça que tout a semblé rapide au démarrage ! Nous, ce qui nous intéresse au final, c'est que le morceau nous plaise, le temps passé dessus on s'en fout.

K : Vous détenez une identité visuelle claire, une ligne graphique rigoureuse. Une pochette de Fortifem, une du non moins talentueux et reconnu Jean-Luc Navette (d'ailleurs, comment s'est faite la rencontre avec le graphiste et guitariste Camille Blanchemain pour Rise to infamy ?)... Tout ça vous donne, dans un monde où la force des images est prédominante, une forme de légitimité, ou du moins une crédibilité professionnelle au dessus de la moyenne. Cette démarche vous est-elle émotionnellement propre ou est-ce une stratégie de com mûrement élaborée ?
c : Quitte à faire une pochette, autant se faire plaisir, hein ! Fortifem ne nous ont visiblement pas assumé, puisqu'on ne figure pas sur leur vitrine. Ils débutaient à l'époque... Pour la pochette de Navette, elle est bien, on adore le boulot de ce mec en général, mais là, on a été un peu déçu, elle ne nous semblait pas à la hauteur de nos attentes. Pour la dernière, faite par Blanchemain (qu'on connaît par un gars, qui connaît un gars), on aime son ambivalence et son ambiguïté, elle fait réagir. Est-ce un meurtre, un viol, une soumission consentante ? Chacun l'interprète comme il veut.
Donc oui, pour répondre à ta question, le graphisme nous tient à cour, oui, on a une culture visuelle et on sait ce qu'on veut. On a aussi assez de culture extérieure au métal pour avoir des ambitions un peu plus élevées que Satan, du sang et tous ces trucs-là sur nos pochettes. Même si, ce qu'on aime et ce qui se passe dans notre musique et nos artworks est sombre et crade.


K : Parlons du dernier album : pour Rise to infamy, quelles sont ont été vos sources d'inspirations ? Y-a-t-il un désir de continuité, de raconter une histoire en lien avec les albums précédents ?
c : Nos sources n'ont pas changé depuis le 1er album. On a rien découvert de nouveau, mais plutôt redécouvert et réécouté des sons. On nous rapproche souvent de Kickback, alors oui on aime vraiment beaucoup, c'est vrai, mais si on a écouté leurs morceaux une fois en un an c'est déjà bien. Celtic Frost (l'album Monotheist, notamment), Crowbar ont été présents... on a un désir de non-répétition dans nos albums, on essaye d'évoluer.

K : Comment avez-vous ressenti la construction et l'enregistrement de cet album ? Qui compose, qui écrit ?
c : C'était la première fois qu'on prenait autant de temps pour enregistrer. Ce qu'on a ressenti c'est énormément de fatigue. C'était intense. Un genre de défi, quoi. En fait, ça a été facile et difficile à la fois. Le fait qu'on se connaisse bien a beaucoup aidé au bon déroulement. On en est très satisfaits et fiers, de cet album.
Pour les paroles, c'est Adrien
(à la guitare) , ne serait-ce que parce que sa maîtrise de l'anglais est excellente. Pour les compos, c'est collégial, et Adrien s'occupe des arrangements.

K : Dernière question : votre formation est devenue, me semble-t-il, bien plus que le side project de départ. Quelle est votre vision d'avenir pour cowards ?
c : En un mot : plus. Le maximum, voilà notre vision. On a effectivement dépassé le stade du side project, pour la plupart d'entre nous. On se marre bien, on s'engueule pesque jamais, on aime ce qu'on fait. On adore prendre la route ensemble.
K : Enfin, mais ce n'est pas une question : vous avez été, en fin d'année dernière, victime d'une critique plus qu'infectieuse lors d'une chronique d'un webzine canadien. Je vous propose ici un droit de riposte, une sorte de tribune libre pour répondre à l'auteur. À vous !
c : On a rien à lui dire, on s'en fout. Du moment que les gens parlent de nous, ça nous va ! Pour le 1er disque, il y avait peu de chroniques, pas d'interviews, mais ça a changé depuis. On a pour vocation d'être sincères dans ce qu'on fait et ce qu'on dit. D'ailleurs, il est arrivé que des types nous descendent pour finalement se rendre compte lors d'un live report qu'ils s'étaient trompés ! On sait cependant aussi qu'on sera toujours ceux dans l'ombre, les seconds couteaux... mais toujours aiguisés !

Thibault (guitare) et Cédric (batterie) double déphase occulaire, Julien (chant) très flou, Adrien (guitare) et sa tête de killer, Kirseth (hellfest cult) bientôt surgelée, Guillaume (basse) avec une supernova dans la gueule