interview Sensorial Damage aux Expressifs
octobre 2014
À chaque fois qu'on me demande «et toi, t'aimes bien le hardcore ?» (et croyez-moi, ça arrive bien plus souvent qu'on ne pourrait penser), bêtement, je réponds «bah ouais, bof, pas trop, ça dépend, en live ouais, un peu quoi». Bien qu'étant une fan absolue de grind, et donc, en un mot, de finesse, le hardcore, autre fleuron de douceur dans la communauté métal, eh bien j'accrochais pas. Trop brut, pas assez élitiste, pas technique, tout ça quoi. Un bien stupide a priori !

Mais avec les jeunes poussins que sont les Sensorial Damage, non seulement j'ai pris une claque lors des Expressifs (un événement culturel poitevin, ndlr), mais en plus j'ai sérieusement revu mes imbéciles positions. Déjà, il m'ont fait la fleur de me livrer une exclu de leur EP même pas terminé, et ça, c'est top. À ce propos, écoutez ce titre désormais ICI. Et en plus, ils ont prouvé qu'on pouvait avoir une maturité musicale bien avant d'avoir des problèmes de prostate.

Et pourtant, me rendant au set, j'ai tout de même un peu appréhendé. En effet, la moyenne d'âge des sauvageons officiant dans le pit était tellement basse, que je me suis vue un instant être la mère de tous ces enfants de la Bête. Mais, manifestation culturelle oblige, il y avait aussi de pauvres innocents curieux, bien loin d'imaginer ce qui allait arriver à leurs tympans. Et eux furent également conquis. Et puis du coup ça remontait l'âge moyen. Et le taux d'alcoolémie, aussi.

Trop brut ?
Oui, un peu, mais voir une bande de tarés générer assez de puissance pour que pendant une heure, on oublie qu'on vit dans un monde de merde, ça mérite bien un peu de brutalité auditive. D'ailleurs, par moments, il y avait presque quelque chose de désespéré dans leur son.
Pas assez élitiste ?
Justement, il y avait un petit côté bal populaire de l'apocalypse qui était loin d'être déplaisant, au final.
Pas technique ?
Bon bah là, je suis à 400% hors sujet, je l'avoue, parce que j'ai assisté à des structures, une rythmique et des beats vachement tech, justement.

Et en filigrane, on perçoit une vraie amitié, une vraie entente. L'énergie produite lors du set est atomique, ils débordent d'envie, de rage, de vivacité. Ça bouge, ça saute dans tous les sens (mais comment font-ils bordel ?). Les riffs sont hyper structurés, très hachés, effet headbang garanti, même avec un torticolis. Les rythmes sont efficaces et furieux. Antoine, au chant avec une endurance impressionnante, emmène le public exactement là où il le veut : la fosse est limite saignante, circle pit et wall of death, une putain de bonne ambiance orchestrée par une audience complètement déchaînée et par des mecs qui ne font pas de la musique pour s'écouter, mais bel et bien pour les autres. Et lorsqu'à la fin, ayant obtenu ce qu'il avait espéré, remerciant chaudement les spectateurs, j'ai vu les yeux d'Antoine briller, je me suis dit qu'ils avaient certainement brillé de la même manière le jour où, gamin, il avait déballé sa première console.

Grâce à des gars comme Sensorial Damage, non seulement le hardcore vit, mais en plus, ce qui aux yeux de certains pourrait passer pour une bande de jeunes couillons excités s'avère n'être rien de moins que, fière de bon son, bourrée de projets, construite et lucide, la putain de relève.
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Kirseth : Coucou les gars, et merci de m'avoir fait partager cette écoute exclusive ! Parlez-moi un peu de l'EP.
Sensorial Damage : C'est Fabien Devaux, d'Outsider Studio, qui aussi le batteur de Cub3, qui s'est occupé du mastering, du mix et des enregistrements. Là, on en est à la phase ou les prémixes sont terminés... On est un peu fauchés, mais on s'en sort pas trop mal grâce aux préventes !

K : Et graphiquement, ça va donner quoi ?
SD : Figure-toi que c'est Coco, d'Utopia Tattoo (un bien fameux salon de tatouage à Poitiers, ndlr), qui a dessiné notre future pochette !

K : Et du coup il sort quand l'EP ?
SD : On est en recherche de label actuellement, et si tout va bien, sortie début 2015 (cool, j'ai hâte !, ndlr).

K : Comment s'est passé la composition ?
SD : Pour les morceaux, on est partis sur une base, puis chacun est venu plaquer ses arrangements, ses accords. On a tout fait ensemble.

K : Et les textes ? Qui écrit ? Quelles sont vos inspirations ?
SD : Là aussi, c'est collectif. On est pas sur un style fictif. Et même si parfois, on enjolive un peu ce qu'on raconte, on essaye de mettre des mots très expressifs sur ce qui nous arrive au quotidien. Faut que ça claque. Et il n'y a rien de biaisé, c'est direct.

K : Et pour la suite, quels sont les projets ?
SD : On va tourner, on a des dates de prévues sur les mois à venir, à savoir : La soirée Culture Barbare au café le Cluricaume à Poitiers, un tremplin jeunes talents à Châtellerault, un concert au Blues Bar à Fontenay le Comte et un autre au bar La Bigaille à Marennes. On vous mettra les dates sur notre page Facebook !

K : On parle un peu du Hellfest, les mecs ?
SD : Bah ouais, avec une interview conduite par un membre du Hellfest Cult, on s'attendait bien à un truc comme ça, hein ! [rires]

K : C'est malin ! Et donc, un pronostic pour la tête d'affiche de l'édition de 2015 ?
SD : Metallica !!!

K : Et des groupes que vous adoreriez voir là-bas ?
SD : Motörhead (putain, ouais ! ndlr), Terror, Slayer, Walls of Jericho, Limp Bizkit, Cancer Bats !

K : Super, merci à vous tous c'était cool de vous revoir ! Je vous souhaite bonne chance pour la suite, vous avez l'ai bien partis en tout cas !
SD : Merci à toi, pareil et on se voit tout à l'heure pour le set de Cub3 !

Sensorial Damage Artwork

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